Note : les gains éventuels liés aux annonces google seront reversés intégralement à des organisations de protection de la nature et de lutte contre le réchauffement climatique

lundi 27 octobre 2008

La Lettre n°2 de Nature Humaine est en ligne !

Bonjour,

Je vous invite à découvrir la Lettre n°2 de Nature Humaine, à laquelle je contribue modestement. Elle explore et analyse les freins à l'action (Partie 1) qui nous empêchent de modifier nos comportements. Elle est accessible en ligne sur le site de l'association : ici

Au programme :
- Pourquoi l'information ne suffit pas pour passer à l'action ?
- Un focus très riche sur la question des représentations sociales comme frein puissant à l'action.
- Un beau témoignage d'anthropologue sur la culture Aborigène d'Australie et leur lien "familial" avec la nature.

Bonne lecture à tous
Thomas

jeudi 23 octobre 2008

Enquête produits de la mer durables

Bonjour à tous,

Je fais une petite enquête via Internet sur la consommation des produits de la mer durables. Si vous avez 5 minutes pour y participer, n'hésitez pas ! 1 gagnant sera désigné par tirage au sort et recevra un panier de la mer "durable".
Le lien vers l'enquête est ici

A bientôt
Thomas

Lettre à Nicolas Sarkozy : Le biomimétisme financier est-il possible ?

Monsieur le Président,

Michel Rocard saluait hier dans les colonnes du journal Le Monde "l'inventivité inhabituelle de l'Union Européenne" dans la mise en place de son plan de soutien au secteur bancaire, ainsi que le talent de son Président en exercice, c'est-à-dire vous-même. M. Rocard soulignait également l'instabilité du capitalisme et des marchés financiers. Je crois qu'après les années de démesure financière que nous avons connues depuis 20 ans, il y a un mot qui devrait être l'objet de toutes les attentions lors des prochaines conférences mondiales du G20 que vous avez voulues, et dont la première se déroulera le 15 novembre. Ce mot est : "EQUILIBRE".

Je ne crois pas à la "fin du capitalisme" comme on peut le lire ici ou là depuis l'aggravation de la crise financière et sa diffusion à l'économie réelle. Je crois en revanche que le moment est venu, non pas de rebâtir le système financier mondial, mais de repenser le monde dans lequel nous souhaitons vivre. Pour reprendre les termes de Patrick Viveret que vous connaissez bien, nous vivons actuellement une triple crise : crise financière, crise écologique, crise de société. Il sera difficile de repenser l'un sans l'autre, et les sommets mondiaux que vous organisez sont l'occasion unique de réfléchir conjointement et de résoudre les trois crises sur le long-terme.

Pour guider votre réflexion, je propose de regarder du côté du biomimétisme, qui s'inspire de notre Mère à tous : la Terre. Tout autour de nous, les écosystèmes naturels démontrent depuis des millions d'années ce que "équilibre" signifie concrètement : à titre d'exemple, deux mécanismes clés sont les boucles de rétroaction et la circularité. Le premier mécanisme régule par exemple les populations de prédateurs et de proies, le deuxième stipule que les déchets de l'un sont les matières premières de l'autre. Des scientifiques s'attachent depuis plusieurs années à analyser et à comprendre ces équilibres pour les appliquer au fonctionnement de notre société. Deux d'entre eux, la pionnière américaine Janine Benyus (Biomimicry Institute), et Gauthier Chapelle (Biomim Greenloop), fondateur du mouvement en Europe, pourraient par exemple vous accompagner à ces sommets mondiaux. Ils pourraient vous aider à développer des réponses, notamment à la question suivante : "quels mécanismes biomimétiques pour le nouveau système financier mondial ?"

Face à la crise, il faut aller vite. Pour rebâtir le monde, il faudra du temps. Je suis certain que c'est ce double projet qui vous anime, et que vous saurez concilier les deux exigences.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, à l'expression de mes sentiments respectueux.

Thomas Canetti

Sauver la mer

Bonsoir

Pardonnez le calme de ce blog depuis 2 semaines, tout s'est enchainé, et notamment la naissance de mon fils que nous avons accueilli le 12 octobre !

Pour reprendre un peu d'activité sur un thème qui m'est cher, j'aimerais partager avec vous cet article paru dans le magazine Nouvelles Clés, dans lequel Patrice van Eersel et Marc de Smedt abordent le sujet ô combien crucial de la biodiversité marine...

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Qu’est-ce qui pourra sauver la mer ?
Paris, le 01/09/08

Mon cher cousin des champs,
De retour de Bosnie-Herzégovine, j’aurais mille choses troublantes et émouvantes à te raconter. Mais ce sera pour la prochaine fois, je voudrais aujourd’hui te parler d’une catastrophe plus générale - et avoir ton avis à ce sujet : le désert marin, ou plutôt sous-marin. Comme tout bon rat (je suppose que ça t’arrive aussi), j’aime plonger sous l’eau - moyen fabuleux pour échapper aux chats, qui aiment le poisson mais, par un extraordinaire coup du sort, détestent se mouiller. Eh bien, que les chats se rassurent : ils ne perdent plus rien à ne pas oser plonger, car sous l’eau, il n’y a plus personne à manger ! Cela faisait quelques années, en fait, que je n’avais plus sorti mon masque et mon tuba. J’ai été estomaqué. Aussi loin que j’aie pu nager, au large de Neum (la seule minuscule ville bosniaque sur la mer) et ensuite autour des îles de Croatie, il n’y avait pas un seul poisson dans l’eau - ou alors si petits qu’il aurait fallu une loupe pour vraiment les distinguer.

Je sais bien que je ne t’apprends rien. La mer se dépeuple, nous la pillons tels des prédateurs préhistoriques, plus personne ne l’ignore. Mais comme toujours, l’information ne nous atteint jamais autant que quand nous la prenons en pleine poire in situ ! (c’est pourquoi sans doute, à l’inverse, l’humanité reste froide et laisse faire tant d’horreurs auxquelles elle assiste en direct, mais par médias interposés). Oui, tu sais ça par cœur, toi qui habites tout près : la Méditerranée se transforme sous nos yeux en mer morte. Elle ne fut certes jamais aussi empoissonnée que l’océan, mais je me souviens, encore raton, dans les années 50, m’être émerveillé de l’aquarium fabuleusement vivant dans lequel mon père m’invitait parfois à plonger, à tel ou tel point de la côte entre Gibraltar et Ventimille ! Tout ça est mort à 90%. Pas encore à 100%, c’est vrai. J’avoue d’ailleurs ma stupéfaction de trouver encore, sur toute la côte dalmate - et même à Sarajevo - des poissonneries fort bien achalandées (et pas que de truites, qui sont là-bas succulentes). Les pêcheurs font des prouesses pour nous approvisionner. Ils pilleront la mer jusqu’à son dernier gramme de vie. Et nous les applaudirons sans doute crescendo, à mesure que ces denrées deviendront de plus en plus rares. Il y a là un cercle vicieux collectif qui fait penser à la malédiction de l’île de Pâques, dont les habitants ne purent s’empêcher de couper systématiquement tous les arbres, jusqu’au dernier - signant ainsi très explicitement leur suicide collectif.

À ces nouvelles, notre sentiment de citoyen planétaire s’insurge : « Mais que fait la police planétaire ?! » Que fait la communauté internationale ? L’ONU, la FAO, l’OMS, le Sommet mondial sur le développement durable, la Convention sur le droit de la mer... pour empêcher les marins-pêcheurs de finir d’exterminer les poissons - et nous empêcher nous-mêmes de manger leur butin ? C’est un sujet dont je me souviens avoir longuement parlé jadis avec Jacky Bonnemain, l’un des fondateurs de l’ONG Robins des Bois. Jacky était (il l’est peut-être toujours) à la fois écolo et rédacteur du journal du syndicat des pêcheurs. Cette double casquette lui donnait une vue panoramique de l’état des choses et le jetait dans des situations hyper inconfortables. Comme tu t’en doutes, il défendait avec acharnement la profession, si dure, des pêcheurs. Des hommes courageux, travaillant comme des bêtes pour un revenu souvent malingre. On connaît aussi leur détermination contre toute mesure visant à les contraindre, par exemple dans le cadre de l’Union Européenne. Ils vous fichent sans problème le feu à la ville (le parlement de Rennes y laissa la peau, tu t’en souviens). Et dernièrement, Speedy Sarko s’est sagement plié sous la menace des pêcheurs, après avoir pourtant promis qu’il leur imposerait le cahier des charges communautaire.

Bref, une sale affaire. Comment s’en sortir ? En viendrait-on à rêver d’un despotisme éclairé pour imposer une « dictature verte » ? Non, évidemment, ça ne marcherait pas et la situation ne ferait à coup sûr qu’empirer. Renoncer à terme à manger du poisson ? Même si la mine consternée que feraient les chats me réjouit le cœur d’avance, je refuse cette hypothèse : non seulement je me régale de tout pescadou, mais c’est une irremplaçable source d’éléments nutritifs. Alors ? « Le poisson d’élevage ! » vas-tu me répondre. Oui, bien sûr. Mais là deux choses : d’abord qu’il soit bio ! Tu as appris les terribles nouvelles concernant notamment le saumon d’élevage, nourri avec tant de saloperies qu’il vaut mieux s’en passer. Mais le plus embêtant, c’est qu’en devenant domestique, le poisson, comme tous les autres animaux, perd une grande quantité de ses éléments nutritifs, justement !

J’en étais là quand mon fils aîné est rentré de ses propres vacances, sur la côte lui aussi, mais en Pyrénées Orientales. Il revenait d’un stage de plongée. Essentiellement dans la réserve de Banyuls. Et ce qu’il m’a raconté m’a réchauffé le cœur. L’aquarium de mon enfance ! Toutes les espèces possibles de poissons, de mollusques, de crustacés, d’algues... Un sublime aquarium. Certes minuscule. Et littéralement entouré d’abrutis de pêcheurs amateurs, se vantant évidemment de leurs exploits sportifs : se tenir à la lisière de la réserve, où pêche et chasse sont bien sûr interdites, pour flinguer tous les êtres marins qui en franchissent la limite ! Constat humainement attristant, mais écologiquement positif : si l’on bloque toute prédation sur une certaine zone, la vie y revient en quelques décennies. Quelle conscience collective peut imposer le blocages de zones de plus en plus grandes ? That’s the question, mon cher cousin, que je salue chapeau bas.

Mon cher cousin des villes,
Excuse-moi, avec la rentrée je suis dans une bourre terrible, comme malheureusement beaucoup d’entre nous. Mais j’adhère à tout ce que que tu dis et au-delà : je crois que nous risquons d’avoir de vrais problèmes globaux de pénurie alimentaire dans les années qui viennent. Sinon la solution préconisé de développer les réserves marines me semble d’autant plus évidente qu’il m’arrive de me baigner près de Marseille, à Carry le rouet, où existe une réserve de poissons sauvages bien protégée et c’est une joie de pouvoir se baigner alentour au milieu de ces rutilantes créatures marines : ce qui signifie bien qu’il suffit de préserver la bio-diversité pour qu’elle se repeuple. Mais pour cela il faut aussi une réelle volonté politique : il serait temps que nous l’ayons !

je te souhaite, à toi et à tes proches, une belle rentrée.
© Patrice van Eersel / Marc de Smedt
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Force est de constater que le marché des produits de la mer durable reste très en retrait des niveaux d'intérêt et de consommation des fruits et légumes bio (ca y est ça décolle) et des produits issus du commerce équitable (café, chocolat, etc)...

Au plaisir de vous lire...
Thomas

lundi 6 octobre 2008

Santé et modes de vie : les entretiens de Millançay

Ce week-end se sont déroulés les 17e Entretiens de Millançay, organisés depuis l'origine par Philippe Desbrosses et son équipe, pionniers de l'agriculture bio. Au menu de cette 17è édition : Santé et modes de vie. Au coeur des débats : le lien entre cancer et notre environnement. J'y étais pour vous. Récit. Attention, attachez vos ceintures, c'est finalement un post un peu déprimant ce soir...

Une épidémie de cancer
Car c'est bien d'une épidémie qu'il s'agit. Le nombre de certains cancers a été multiplié par 2 voire par 3 depuis 20 ans. Et, chose impensable il y a quelques années, nombreux sont les jeunes d'une trentaine d'année atteints...

Aux sources de l'épidémie
Dixit Jean-Marie Pelt : "Le monde a plus changé depuis 60 ans que pendant les 1000 ans qui ont précédé. Les deux changements les plus notables en terme d'environnement sont : la chimie et les ondes électromagnétiques".

Le Dr Belpomme, éminent cancérologue de l'hôpital Pompidou à Paris, et initiateur de l'Appel de Paris (2004), s'est battu pour démontrer l'influence de l' "environnement" dans cette épidémie. Il faut comprendre "environnement" par opposition à "modes de vie". "Modes de vie" se réfère aux facteurs de risques : fumer, boire de l'alcool, la sédentarisation,... que David Servan-Schreiber appelle les "promoteurs". Mais ces facteurs seuls ne peuvent pas provoquer la mutation cellulaire à l'origine des tumeurs. Ces mutations sont provoquées par les substances dites CMR : carcinogènes, mutagènes ou reprotoxiques. Nous sommes là dans le domaine de la toxicologie, et nous parlons des produits chimiques (à l'origine d'environ 1 cancer sur 2) et des ondes (1 sur 10).

80000 molécules chimiques, émoi émoi émoi
La chimie moderne est née au lendemain de la guerre. Depuis, elle a connu une croissance exponentielle, passant de 0 à plus de 80000 molécules chimiques utilisées couramment en un peu plus de 60 ans. Ce sont donc plus de 1000 nouvelles molécules chimiques chaque année. Lorsqu'elles sont réellement testées, les tests évaluent la dose à laquelle la substance devient toxique. Problème : nous sommes tous soumis non pas à une substance unique de façon ponctuelle, mais à des centaines de molécules, et de façon régulière. Or personne ne teste la toxicité de l'exposition répétée et continue à cette "soupe chimique". On sait juste que la majorité d'entre nous y est exposé sans même le savoir : par l'alimentation (notamment les pesticides : veillez à ce que votre député vote la Loi Grenelle 1, notamment la partie qui prévoit une réduction de 50% des pesticides utilisés), mais aussi par les plastiques (par exemple le bisphénol-A), les colles et résines (formaldéhyde), les cosmétiques (voir la polémique récente sur les produits distribués aux nouveaux-nés dans les maternités), les dioxines, les fameux PCB, les particules rejetées par les moteurs diesel, etc... Ainsi, 100% des femmes américaines testées avaient du Teflon dans leur sang. Et on sait que nous avons tous entre 40 et 100 molécules chimiques stockées dans notre corps et nos tissus.

Quant aux ondes, le Dr Belpomme est catégorique : wifi et téléphones portables sont dangereux, archi dangereux. Au programme : fatigue chronique et micro-oedèmes dans le cerveau. Sympa non ?

L'homme (pardon, mais samedi je n'avais pas envie de mettre de H majuscule) est apparemment devenu fou.

Les femmes et les enfants d'abord...
C'est le cri d'alerte poussé par le Dr Belpomme. Ce sont en effet eux les plus sensibles, les plus touchés, les plus urgent à protéger. De très nombreux cancers sont en effet dus à une exposition pendant l'enfance, même s'ils ne se révèlent que 30 ou 40 ans plus tard. En fait cela commence même in utero, à la phase de foetus, lorsque nous sommes les plus fragiles. Et cela jusqu'à l'adolescence. Même le lait de la femme qui allaite son enfant serait contaminé, même si tous les participants recommandent malgré tout l'allaitement...

Les solutions
Premièrement, réduire son exposition aux risques liés à l'environnement (liste non exhaustive) :
- Privilégier l'alimentation bio et la cosmétique bio dès que possible. C'est désormais très facile avec les paniers bio et une offre de plus en plus large dans les grandes surfaces
- Ne pas chauffer les biberons des enfants, et choisir des biberons écologiques sans bisphénol-A par exemple
- Ne pas permettre le téléphone portable aux enfants de moins de 12 ans et les femmes enceintes, et dans tous les cas avec une oreillette, et avec modération
- Limiter son exposition au Wifi : pas dans la chambre, et éteint quand on ne s'en sert pas

Deuxièmement, aider son corps et ses ressources naturelles :
- Choisir les aliments qui aident à lutter contre le cancer, par exemple broccolis, ail, thé vert, curcuma,... (liste complète dans le livre Anticancer de D. Servan-Schreiber ainsi que sur www.guerir.fr)
- Faire de l'exercice régulièrement
- Se renforcer dans sa globalité et sa cohérence : esprit (ses aspirations, sa mission du terre), coeur (ses émotions), corps (ses réalisations, ses actes). Le Dr Servan-Schreiber recommande par exemple 5 minutes de relaxation quotidienne. L'apport des médecines traditionnelles (chinoise, ayurvédique) fait également l'unanimité dans la salle. A propos de la médecine traditionnelle chinoise, le Dr Eraud en rappelle les 4 composantes : acupuncture, plantes, hygiène de vie, massage/exercice (ex/ Tai Chi). Orientées vers la prévention et non vers le soin des maladies comme en occident, prenant en compte la psyché de l'individu et non un aspect purement mécanique du corps, les médecines traditionnelles semblent plus complètes dans une logique d'accompagnement long-terme, cherchant à influer sur le "terrain" propre à chacun. C'est pourquoi selon le Dr Eraud "il n'y a pas de réponse toute faite, chaque cas est spécifique et il faut apporter une réponse individualisée et pertinente à chacun. La médecine est un art, au-delà d'être une science".

Pour aller plus loin
- Le site de David Servan-Schreiber : Guérir
- Le site de l'ARTAC, Association pour la Recherche Thérapeutique Anti-Cancéreuse, du Dr Belpomme, une vraie mine d'informations
- Le Groupe n°3 du Grenelle de l'environnement "Santé et environnement"
- Le MDRGF, Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures
- Le site du film évènement de Jean-Paul Jaud, "Nos enfants nous accuseront", en salle le 5 novembre
- Intelligence Verte
- La toxicité des phtalates enfin démontrée, sur Novéthic
- Le bio pour bébé : Brindille

Et aujourd'hui, l'UICN a dévoilé sa liste rouge 2008 des espèces menacées : 21% des mammifères et 30% des amphibiens... Tout va bien

Sur ce, je vous dis à bientôt
T.

Note sur l'Appel de Paris
Le 7 mai 2004 à l’UNESCO se sont réunis, dans une même volonté, des scientifiques internationaux de renom, des médecins, des représentants d'associations environnementales, lors du colloque «CANCER, ENVIRONNEMENT ET SOCIETE» organisé par l’ARTAC. De cette union entre scientifiques et organisations non gouvernementales est né l’Appel de Paris, déclaration historique sur les dangers sanitaires de la pollution chimique.
L'Appel de Paris déclare :
- Article 1 : Le développement de nombreuses maladies actuelles est consécutif à la dégradation de l'environnement
- Article 2 : La pollution chimique constitue une menace grave pour l'enfant et pour la survie de l'Homme.
- Article 3 : Notre santé, celle de nos enfants et celle des générations futures étant en péril, c'est l'espèce humaine qui est elle-même en danger.
L'Appel de Paris a recueilli l'adhésion et l'appui de personnalités éminentes telles que les deux Prix Nobel de Médecine français, les Prs François Jacob et Jean Dausset, de nombreux membres des Académies des Sciences et de Médecine parmi lesquels les Prs Jean Bernard, Yves Coppens, François Gros, Lucien Israel, Luc Montagnier (Prix Nobel de médecine 2008), des personnalités médiatiques, humanistes comme Nicolas Hulot, Albert Jacquard et Boutros Boutros-Ghali.

mercredi 1 octobre 2008

De l'espoir pour les poissons de la Baltique ?

Ci-dessous une interview de Isabella Lövin parue sur Novéthic, par Rouba Naaman

Son livre sur la surpêche dans les eaux européennes a bouleversé l’opinion publique suédoise. Avec une enquête quasi exhaustive, elle a réussi à alerter les pouvoirs publics sur l’état des écosystèmes marins en Europe du Nord. Pour Novethic, la journaliste suédoise Isabella Lövin revient sur la situation dramatique de la mer Baltique.

Quelle est la gravité de la situation environnementale de la mer Baltique ?
La mer Baltique a complètement changé de « régime », passant d’un écosystème dominé par le cabillaud à un écosystème dominé par l’anchois. Il faut remettre le cabillaud en haut de la chaine alimentaire. Un article scientifique paru cet été montre que la diminution dramatique du cabillaud a déséquilibré toute la chaine. Les anchois, habituellement chassés par le cabillaud, se multiplient et dévorent le zooplancton. Les algues vertes voient ainsi disparaitre leur principal prédateur, et envahissent la mer. C’est une situation dramatique, y compris économiquement. La population de cabillaud est passée de 700000 tonnes dans les années 80 à 160000 tonnes aujourd’hui. Il y a deux ans, ce chiffre était deux fois moindre. Les estimations du Conseil suédois de la pêche montre qu’en pêchant moins dans les années 80 – en suivant les recommandations scientifiques par exemple – nous aurions pu aujourd’hui pêcher deux fois plus, tout en maintenant des quantités de poisson supérieures aux limites fixées (240000 tonnes dans la Baltique).

Y’a-t-il une chance de rétablir un écosystème normal dans la Baltique ?
L’exemple du saumon le prouve. En janvier 2008, les pays de la baltique ont interdit la pêche avec des filets dérivants. Les résultats se font déjà sentir : les quantités de saumon dans les rivières suédoises ont augmenté significativement. Le problème actuel pourrait être résolu assez vite si les politiciens jouent les bonnes cartes. Grâce à de bonnes conditions hydrologiques, les cabillauds ont pu se reproduire abondamment en 2003 et 2005. Si on laisse ces deux générations se reproduire tranquillement, il y aura de grandes chances pour que l’écosystème de la mer Baltique se rétablisse en quelques années à peine. Cela ne résoudra pas tous les problèmes environnementaux, mais l’écosystème sera stabilisé. La Baltique sera alors moins vulnérable aux agressions extérieures.

Neuf pays bordent la mer Baltique, chacun ayant des intérêts économiques forts. Comment mettre tout le monde d’accord pour sauvegarder l’environnement ?
Les questions environnementales sont débattues notamment dans le cadre de la Commission de protection de l’environnement de la mer Baltique (Helcom). Tout ce qui concerne la pêche est géré par l’Union européenne. Il est évidemment difficile d’arriver à des accords qui supposent que des pêcheurs devront arrêter leur activité pendant un an ou deux. La Suède a essayé d’implanter une telle décision en 2002, lorsque le parti des Verts a convaincu le gouvernement suédois que le cabillaud de la mer Baltique avait besoin d’un moratoire complet d’un an. Mais étrangement, l’UE ne nous a pas laissé faire. Bruxelles a interdit à Stockholm de protéger ses propres cabillauds, sous le prétexte que la politique de pêche est commune à tous les pays de l’UE. Cette mesure aurait donc été « discriminatoire » à l’encontre des pêcheurs suédois, qui n’auraient pas pu exercer leur activité de la même façon que leurs confrères européens. Pourtant les pêcheurs suédois auraient été indemnisés à 100% par les contribuables.

N’aurait-il pas été possible de prendre une telle décision à l’échelle de tous les pays entourant la Baltique ?
Apparemment non. En partie, parce que les pêcheurs de certains pays n’avaient pas l’assurance d’une compensation économique en cas d’arrêt de la pêche du cabillaud, comme le recommandait l’ICES (Conseil international de l’exploration maritime). Tous les Etats entourant la Baltique, excepté la Russie, appartiennent à l’UE. Le Fond européen des pêches (EFF) a beaucoup d’argent, et il serait peut-être possible d’accorder tous les pays sur un moratoire de la pêche au cabillaud. De même, les quotas de pêche sont bien trop excessifs. Pourquoi ? Parce que la Politique commune de pêche n’a pas défini les facteurs socio-économiques à prendre en compte dans la négociation des quotas. Si les Etats membres regardaient les données, ils verraient tout de suite que le coût économique et écologique de la surpêche est bien plus important que son bénéfice économique, à la fois pour les Etats et pour les pêcheurs, dont le nombre continue de baisser.

Il faut donc réduire les quotas de pêche. Mais est-ce suffisant ?
En effet, il faudrait suivre les recommandations scientifiques au sujet des quotas. Mais il faut également réduire les flottes de pêche partout en Europe. Dans la Baltique, la pêche au cabillaud est deux fois trop importante. C’est également une incitation à la pêche illégale : beaucoup de pêcheurs ne gagnent pas assez d’argent avec leurs petits quotas, donc ils “doivent” les dépasser. Le contrôle des bateaux, y compris les petits, doit par ailleurs être plus strict, en utilisant par exemple des satellites ou des cartes grises électroniques. Il faut renforcer les lois, pour ne plus tolérer le vol de la propriété commune que sont les poissons. Pourquoi ne pas instaurer un droit de pêche pour l’industrie ? Cela parait logique, pourtant pour l’instant c’est l’inverse : les contribuables européens payent pour des subventions dédiées à l’industrie de la pêche. Les manifestations des pêcheurs français cet été, pour dénoncer l’augmentation du prix du carburant, sont un bon exemple. L’UE a accepté de leur donner une compensation économique. Sans cela, les bateaux aurait dû rester au port, et les poissons auraient eu une chance de se reproduire. A présent, on subventionne la chasse au dernier poisson comestible.

Faut-il, d’ici là, préférer les poissons d’élevage ?
Les poissons d’élevage végétariens, comme la carpe et le tilapia, sont à privilégier, s’ils sont élevés dans un environnement sûr, de sorte qu’ils ne puissent s’échapper et répandre d’éventuelles maladies. Mais l’élevage de poissons carnivores, comme le poisson et le cabillaud, ne résoudra pas le problème de la surpêche. En effet, pour nourrir un poisson d’élevage de 1 kilo, il faut pêcher 2 à 3 kilos de poisson sauvage, du hareng ou de l’anchois. C’est, en d’autre termes, plus écologique et moins énergivore de manger directement le hareng ou l’anchois.

Tyst hav (“Mer silencieuse” en suédois) d’Isabella Lövin, aux éditions Ordfront.
Source : Novéthic

En attendant la version anglaise (disponible l’année prochaine), deux livres en français pour aller plus loin:
- "Une mer sans poissons", de Philippe Cury, docteur ès sciences, membre de l'Institut de recherche pour le développement, et directeur du Centre de recherche halieutique méditerranéenne et tropicale, basé à Sète
- "SURPÊCHE. L'Océan en voie d'épuisement", de Charles Clover, journaliste et rédacteur en chef au Daily Telegraph

Film "pour une pêche durable"

www.pourunepechedurable.fr
Vidéo envoyée par WWF_France

Alors que 75% des stocks de poissons exploités sont menacés de surpêche, voici un petit film du WWF pour nous emmener à la "pêche" aux infos et savoir comment agir en tant que consommatrice et consommateur : rendez vous sur le site www.pourunepechedurable.fr

Un commentaire perso cependant : entre une musique façon "dents de la mer" et des images jolies mais assez sombres et angoissantes, le registre joué semble encore celui de la dramatisation et de l'information. J'aurais aimé une version plus positive qui donne envie et non qui fait peur...

Vaste débat que celui des bons leviers à activer pour inciter à modifier nos comportements... Probablement l'objet d'un prochain post, mais je suis curieux de vos réactions à la vue de ce film.

A+
Thomas